Que j’aime ce petit oiseau pimpant de couleurs vives dans les arbres dépouillés de leurs feuillages durant les mois d’hiver… Qu’il est beau et comme le savoir là réconforte et rend heureux… D’autres passereaux procurent ce sentiment joyeux, c’est vrai, mais lui quand je l’observe attentivement, il ressemble à un phénomène unique avec son masque rouge vif et le jaune soleil de ses ailes, encadrés de gros traits noirs.
Carduelis carduelis est un petit passereau de la taille du moineau qui vit à demeure sous les latitudes tempérées du continent européen. Son habitat n’est pas encore à ce jour menacé. C’est un granivore facilement reconnaissable à son bec court conique, attiré par les chardons (comme son nom le souligne) et par les plantes herbacées, mais aussi par les arbres riches en graines tels les pins, les platanes, les bouleaux etc. On l’observe souvent dans les milieux forestiers ouverts, et en hiver dans tous les lieux arborés où il trouvera de quoi se nourrir abondamment. Sa physiologie le pousse aussi à s’abreuver et se baigner souvent et régulièrement.
La beauté de son plumage en fait une proie pour les humains, qui le capture pour l’encager. Si les trafics du chardonneret élégant sont formellement interdits, certaines régions continuent leur commerce plus ou moins discrètement et ce n’est pas rare de lire dans les médias la prise de trafiquants.
Les chardonnerets élégants sont victimes de leur élégance depuis des siècles, au point d’avoir été le symbole de la passion du Christ – du chardon dont il se nourrit (la couronne d’épine), au rouge des plumes de sa tête (le sang versé). Ce petit oiseau devenu symbole, a en effet servi les peintres et les dessinateurs depuis au moins la Renaissance. Placé entre les mains de l’enfant Jésus, il magnifie par sa présence la nature consubstantielle des humains et de leur environnement.
Pour ma part, si j’apprécie comme ici sa sainte représentation sous les pinceaux de Raphaël et de Boltraffio, je le préfère en majesté, lors d’une froide journée d’hiver, tandis qu’il se réchauffe haut juché, en conversation secrète avec le soleil, les yeux mi-clos…
…Ou encore en bande durant l’hiver, occupés à s’empiffrer de graines de platanes …
Ou encore, libres, à jouer et à s’aimer dans les grands pins du versant nord du Ventoux…
…n’en déplaisent aux petits bambins de XVIe siècle !
Continuons de chérir ces petits fringilles et de préserver leurs sources nourricières où qu’ils soient, car je constate qu’année après année leur présence s’amenuise autour de chez moi, comme celle de tant d’autres avec.
Les photos ont été prises à Saint-Didier entre 2018 et 2021 et à Malaucène en 2024.