Quelle étrange dénomination pour un des plus communs et des plus charmants des papillons qui soit ! Demi-deuil, comme on le nomme, porte un bien plus joli nom latin, Melanargia galathea, et fait partie d’une vaste famille, les Satyrinæ, elle-même sous-famille des Nymphalidæ qui comporte parmi les plus beaux papillons de notre contrée.
Sur cette série de photos toutes prises en juillet sur le plateau de Sault, on voit des Melanargia galathea procida, une variation, une sous-espèce du Demi-deuil, reconnaissables à la suffusion noire du recto des ailes des femelles, et au blanc plus crème sur leur verso.
Le Demi-deuil habite les lieux herbus, les prairies pas trop sèches où on l’observe entre juin à juillet essentiellement. Il est univoltin.
Les adultes butinent particulièrement le nectar des centaurées, des scabieuses, des cirses et des chardons….avec une mention spéciale pour les lavandes comme ici 🙂
Les œufs sont projetés en vol sur les graminées ; les chenilles sont polymorphes et se nourrissent de graminées, essentiellement la nuit. Du fait de la faible teneur en protéines des graminées, le développement larvaire est plus lent et la plupart hivernent à l’état immature.
La chrysalide est suspendue à une tige ou dissimulée à la base de la plante hôte, parfois dans la mousse ou dans un petit creux sous une pierre.
Sur ces photos, les Demi-deuils se repaissent du nectar de la lavande officinale lavandula angustifolia, que tout le monde connaît pour son parfum et son huile essentielle majeure pour la pharmacopée, et que les papillons semblent apprécier autant que nous. Hors les jardins et les cultures, elle se rencontre par pied dans le maquis et la garrigue, les pentes sèches rocailleuses, les lisières de forêt, les sous-bois chauds. On peut aussi rencontrer Lavandula latifolia ou lavandula spica, lavande à larges feuilles, similaire en tous points, et reconnaissable à ses fleurs plus petites et son parfum camphré puissant. C’est une source de nourriture importante que les papillons et les insectes butineurs ont à leur disposition de juin à août, depuis la plaine jusqu’en montagne, de la mer jusqu’au Ventoux.
Ici Melarnagia galathea procida butine un chardon (Carduus) et l’on aperçoit une sauterelle qui partage comme c’est souvent le cas, la fleur de chardon.
Ces admirables papillons bien mal nommés méritent tous nos soins attentifs pour la protection de leurs milieux en voie de raréfaction… Et ne perdons jamais de vue que sans végétaux il n’y aura plus de papillons.