Retour rapide d’une sortie dans les Baronnies face à l’orage qui barrait la route. Les cultivateurs ont déboisé la montagne pour planter des rangs de lavandes et des champs d’épeautre, laissant des bosquets épars, ou de solides arbres solitaires.
C’est un des plus beaux endroits de cette région du plateau de Sault-montagne d’Albion. Vaste et vide comme j’adore, parcouru de vent et d’odeurs végétales constantes, ancien théâtre de l’armement nucléaire massif dont les silos et les larges pistes de charrois en béton, aujourd’hui désaffectés, criblent et balafrent la surface par endroits.
Il y a cette mémoire des artistes, René Char et Pablo Picasso pour parler de l’utilisation de l’espace par les militaires et l’armement nucléaire, en février 1966 :
Certains silos sont reconvertis en sites dédiés à l’astronomie et à l’observation du ciel car tout s’y prête ici : altitude, pureté et absence de pollution lumineuse humaine.
Aujourdhui, la majorité des élus voudraient utiliser cette surface pour y implanter des lotissements, des parcs éoliens et des centrales photovoltaïques. Comme si l’espace vide d’occupation humaine les rendaient fébriles comme lorsqu’on se partage une galette des rois et qu’on cherche la fève en bouche. Qui sera le plus riche ? Qui aura la part belle ? Quel ami propriétaire de l’élu ? Quel élu ?
Mais ils sont toujours confrontés à la réalité naturelle de ce site calcaire : il n’y a pas de ressources en eau suffisante pour y développer des villes ! Alors ils se rabattent sur l’énergie du moment et les plateformes photovoltaïques grignotent la montagne.
Pour le moment encore, tant qu’il restera des cultivateurs, avec leurs fermes, leurs terres, ce paysage restera sain et sauf.
Une réponse à “Montagne de lavandes”
« Ventoux, miroir des aigles »